Transition d’un lycée français à Harvard

Une des premières questions que nous posent les lycéens français ou internationaux qui s’intéressent à Harvard est la suivante: comment se passe la transition entre la France et les Etats-Unis, ou du système académique français au système académique américain?

Par Salomé Garnier ’22.
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Le Harvard College French Club n’est pas affilié avec le bureau des admissions de Harvard College. Les informations et conseils sur ce site ont été écrits par des élèves ayant voulu partager leur expérience avec des lycéens français, et ne doivent pas être considérés comme des sources officielles de l’université. Nous vous recommandons de visiter le site officiel du bureau des admissions.

Effectivement, toute transition dans un nouveau pays est un grand changement. Alors, pour répondre à votre question et pour vous aider dans vos recherches pour vos plans post-bac, nous avons récolté des témoignages de la part de nos membres pour vous résumer notre expérience de la transition. Les témoignages suivants ne reflètent évidemment pas un consensus strict sur la transition entre la France et les Etats-Unis, mais plutôt des expériences et perceptions individuelles de nos membres. N’hésitez pas à nous contacter pour parler plus longuement de l’expérience académique et sociale aux Etats-Unis et à Harvard!

Pour une perspective différente venant d’une professeure française employée à Harvard, nous vous conseillons aussi de lire cet article du Monde qui parle des coulisses de l’enseignement à Harvard. J’en citerai certains passages pertinents dans cet article. 

Transition Académique

Relations avec les professeurs 

Un grand avantage du système américain est la disponibilité des profs et leurs relations chaleureuses avec les étudiants. Les professeurs dédient généralement autant de temps que nécessaire à leurs étudiants, que ce soit pour parler du cours (contenu, attentes, devoirs, etc) ou bien d’autre chose (parcours du prof, conseils professionnels, etc). La plupart des professeurs cherchent aussi à tisser des liens avec les élèves, à apprendre à les connaître tout au long du semestre et à les aider quand ils en ont besoin. Ils sont très joignables en dehors des cours et répondent rapidement aux mails, même le weekend. Chaque professeur prévoit aussi un créneau horaire pendant lequel il se met, chaque semaine, à la disponibilité des étudiants pour discuter: ce sont les office hours, un concept génial, très américain. 

Témoignages:

“Je trouve qu’en ce qui concerne la relation avec les professeurs, les deux systèmes sont réellement différents. Aux US, la relation est beaucoup plus axée sur le bien-être de l’étudiant, le professeur se comporte plus comme un tuteur prêt à aider l’étudiant n’importe quand. En France, cette relation est encore très “hiérarchique” dans le sens où, quand on est étudiant, le professeur attend de l’élève des résultats et c’est tout. Il y a beaucoup moins cette relation “chaleureuse” qui existe aux US.” — Hyacinte Lemieux, visiting student ‘20

“Les professeurs ont une réelle envie de connaître leurs élèves et organisent souvent en début d’année des petites entrevues de 15min avec chaque étudiant pour apprendre à se connaître un peu mieux. Les professeurs ont aussi des créneaux horaires réservés aux élèves, pendant lesquels il est possible pour chaque élève de venir au bureau du professeur (sans rendez vous la plupart du temps) et de demander des éclaircissements sur le cours ou bien même pour discuter de la vie en générale, des opportunités post-universitaires, de leur expérience dans le monde du travail ou de la recherche, etc…”  — Victor Crouin, ‘22

“Au début, les étudiants ont tendance à éviter de demander de l’aide ou communiquer avec les professeurs par peur d’être jugés, de ne pas être “à la hauteur”. En réalité, ils sont une ressource incroyable et ils apprécient les étudiants qui cherchent à échanger avec eux. Ils sont toujours enchantés de parler non seulement des cours qu’ils enseignent mais aussi de leurs parcours, leur recherche ou d’autres problèmes dans leurs domaines de connaissance.” — Maria Guramare, ‘21

“Au cours de cet entretien, un lien se crée qui brise l’anonymat, mais aussi et surtout fait tomber la timidité, de part et d’autre, notamment celle du professeur, ce que mes collègues français ont du mal à reconnaître. A cette occasion, l’étudiant et son professeur se choisissent et s’engagent mutuellement à fournir les meilleurs efforts pour leur réussite commune.” — Stéphanie Grousset-Charrière (Le Monde)

Attentes académiques

Une différence majeure entre les deux systèmes éducatifs semble être les formats et modalités des devoirs, dans toutes les matières. En maths, il y a beaucoup moins de rédaction, de démonstrations et de développements. Le résultat final est plus important que la présentation ou que les étapes prises pour y arriver. Dans les sciences sociales, l’écriture d’essays est aussi assez différente des dissertations traditionnelles françaises. Ceux-ci sont souvent beaucoup plus courts (en général de quelques pages seulement), avec énormément de liberté dans le choix du sujet. L’argumentation est très importante, et le style d’écriture doit être simple, “to the point,” avec des phrases courtes et concises. Nous qui aimions tant écrire des pages et des pages au lycée et des phrases qu’il fallait lire trois fois pour comprendre, il a fallu s’adapter.

La plupart de nos membres sont d’accord pour dire que les étudiants sortant du système français ont un énorme avantage au niveau de l’écriture et de la rigueur académique, même si les styles d’écriture français et américains sont très différents. En revanche, on est moins préparés pour l’utilisation de sources extérieures, pour les pratiques de citations (annotations/bibliographie) pour éviter le plagiat, et pour la recherche et l’intégration de sources dans sa propre analyse. 

Enfin, la collaboration entre étudiants est souvent encouragée, en particulier pour les devoirs de sciences. Il est normal et même encouragé de demander de l’aide aux autres, et surtout aux professeurs. Par exemple, lorsqu’il faut écrire un essay, il est souvent utile de prendre rendez-vous avec le professeur pour parler de ses idées, éclaircir son argument, et discuter de son plan avant de commencer à écrire. De cette manière, les attentes sont claires, et l’élève montre son investissement dans le cours. 

Témoignages:

“Le style d’écriture aux Etats-Unis est très différent. Les profs veulent que les élèves gardent un seul avis dans leur essays, alors qu’une dissertation française nécessite une argumentation plus neutre, avec plusieurs points de vue.” — Elliott Mokski, ‘24

“A Harvard, surtout pour les cours de première année en maths, il y en a pour tous les niveaux! Avant de faire votre rentrée, vous passerez un placement test, qui est un contrôle pour évaluer votre niveau et vous recommander un cours qui correspond à votre niveau. Et, même pour le même « niveau », plusieurs cours sont proposés: certains sont destinés aux étudiants qui sont intéressés par les sciences sociales, certains sont beaucoup plus théoriques que d’autres (Math25, 55). Réfléchissez bien avant de choisir votre cours, parce que si vous avez fait une filière scientifique française, certains cours pourraient vous paraître trop ennuyeux” — Hana Wakamatsu, ‘23

“Le style d’exercice a énormément changé du lycée à Harvard. En prépa et au lycée, mes épreuves étaient de 6 heures, sans aide ou collaboration, sur papier. A Harvard, le raisonnement est vraiment au cœur de l’exercice. On nous donne plusieurs semaines pour faire nos papers et on a accès à des bases de données énormes. Toute la culture générale, les citations qu’on a dû apprendre par coeur, les titres des recueils de poésie, tout ça devient inutile.” — Sophie Lucas, ‘24

“Dans la majorité des cours de science, les professeurs rédigent leurs problèmes de manière à ce qu’il soit presque impossible de les résoudre seuls. Bien que chacun doive rédiger ses propres solutions, la collaboration, l’échange d’idées sont non seulement encouragés mais nécessaires. Les membres d’une même classe se réunissent souvent en office hours pendant des heures pour comprendre les problèmes et arriver pas à pas à une solution.” — Maria Guramare, ‘21

“En termes d’attentes académiques, le décalage était moins flagrant. Dans les deux systèmes l’attente est élevée, les manières sont juste différentes. Peut-être qu’en France l’attente est plus axée sur des petits détails, sur le style et la forme.” — Hyacinte Lemieux, visiting student ‘20

Système de notation

Il est évident que vous aurez de meilleures notes si vous étudiez aux Etats-Unis que si vous étudiez en France. Dans les grandes universités, il y a une inflation généralisée des notes, ce qui signifie que la note la plus commune est un A- et que les élèves reçoivent rarement en dessous d’un C-. Cela est très différent de la prépa ou la fac en France, où les notes peuvent être très sévères. La notation ici est censée être encourageante et basée sur l’effort—je trouve ça personnellement plus agréable et effectivement plus encourageant. 

Ce qui n’est pas forcément évident c’est de comprendre l’équivalent du système de notation par rapport à notre conception des notes sur 20. En plus, leur système est compliqué! On reçoit en général une note sur 100 pour chaque devoir, puis une lettre pour chaque cours à la fin du semestre en fonction d’un calcul un peu opaque de notre moyenne dans le cours. On peut recevoir un B- en maths sans trop savoir pourquoi, ou bien avoir un A en histoire grâce aux points de participation alors qu’on a eu A- aux devoirs. Enfin, toutes les lettres sont combinées pour former le GPA sur 4—c’est une note qui s’accumule sur les quatre années, et donc qui est une moyenne de toutes les lettres reçues pour chaque cours de la première à la dernière année. C’est clair? Pour nous non plus. 

Témoignages:

“Mon cerveau n’arrive pas encore à comprendre l’équivalent du système américain à une note sur 20.” — Sophie Lucas, ‘24

“Les profs ont souvent peur de démotiver les élèves s’ils ont des mauvaises notes. Dans beaucoup de cours (pas tous évidemment) la plupart des élèves ont 85-90% (ou plus) de moyenne—impensable en prépa où les moyennes tendent vers 10/20. Les profs mettent souvent des commentaires encourageants—qu’ils soient justifiés ou non.” — Elliott Mokski, ‘24

“Par rapport au lycée, je trouve que c’est presque plus facile d’avoir des bonnes notes. Par rapport à la prépa le système de notation est une blague. J’avais régulièrement des 6/20 en prépa, même si je travaillais toute la semaine sur ma dissert de philo. La vraie différence que je remarque est que les notes ne sont pas vraiment par rapport aux autres, alors qu’en prépa souvent un élève réussissait très bien et donc avait une bonne note et toutes les autres copies étaient notées par rapport à la sienne. Conclusion: le système de notation est bénef.” — Sophie Lucas, ‘24

“Il ne faut jamais dévaloriser les étudiants. Le ton intransigeant, admis dans nos contrées, n’est pas pratiqué dans le système américain. On ne dit pas : “non, c’est faux”, mais “voici une erreur intéressante, essayons de comprendre d’où vient la confusion pour ne pas la rééditer.” — Stéphanie Grousset-Charrière (Le Monde)

Suivre les cours en anglais

Bien entendu, cela dépend de votre niveau d’anglais à la base. Si vous êtes parfaitement bilingue, suivre les cours en anglais ne devrait pas poser problème. Si vous avez un niveau correct, vous allez vous habituer!

Témoignages:

“En tant que francophone, c’est évidemment un ajustement important pour plusieurs raisons. 1. Il faut réussir à avoir confiance en soi, à ne pas avoir peur de s’exprimer ou d’être jugé pour son accent ou sa syntaxe. 2. Il faut éviter de faire deux choses en même temps. C’est impossible de suivre le cours en anglais si vous faites quelque chose sur l’ordinateur ou le téléphone. 3. Honnêtement, l’ajustement prend seulement quelques mois mais rapidement, vous commencerez à en perdre votre français :)” — Victor Crouin, ‘22

“J’ai fait toute ma scolarité en français et ma famille n’est pas anglophone donc j’étais un peu inquiète avant de partir à Harvard. J’essaie toujours d’avoir un bon équilibre entre cours scientifiques/littéraires, parce que les readings et les essays me prennent du temps. Toutefois, les profs ont toujours été très compréhensifs (par rapport à ma participation en cours, par exemple).” — témoignage anonyme d’une étudiante en bachelor

“Cette partie de l’intégration n’est pas, de manière surprenante, la partie la plus difficile de la transition. Les professeurs savent pertinemment que les notions qu’ils enseignent sont déjà difficiles à intégrer, et ils utilisent donc souvent un vocabulaire le plus simple possible pour fournir leurs explications de manière claire et intelligible. Il n’est donc pas ultra difficile de suivre les explications des professeurs, ou même de participer assez tôt.” — Maria Guramare, ‘21

Avantages du système américain (selon nous)

  • Liberté de choisir ses cours, de déterminer son propre emploi du temps, et d’explorer une variété immense de domaines sans se limiter à une seule filière. 
  • Énormément de ressources académiques, professionnelles et personnelles et de soutien à tous les niveaux. Tutorat gratuit pour tous les élèves, “advisors” assignés qui vous suivent tout au long de votre scolarité, et tout un réseau d’adultes qui sont là pour faire en sorte que vous ne décrochiez pas. 
  • De nombreuses opportunités pour appliquer ses connaissances et ses compétences dans des projets en dehors des cours: recherches pour un prof, recherches indépendantes, clubs académiques/professionnels, publications étudiantes, etc.
  • Emphase beaucoup plus importante sur la santé mentale et le bien-être des étudiants (même si parfois seulement de manière superficielle).
  • Les profs font énormément d’efforts pour que leurs cours plaisent car leurs salaires et emplois sont dépendants des retours des étudiants. Donc les cours ont tendance à être plus interactifs, chaleureux, et vivants. Les professeurs sont aussi par extension plus à l’écoute des besoins et retours des étudiants.
  • Certains cours sont menés en très petits groupes (une dizaine d’élèves), ce qui facilite la discussion et l’interaction. 

“Les cours doivent plaire. Il ne faut pas que les élèves s’ennuient et nous devons toujours nous interroger : comment sera reçu mon cours ? Cette question, je ne me l’étais jamais posée lorsque j’enseignais en France, seulement préoccupée du contenu du cours.” — Stéphanie Grousset-Charrière (Le Monde)

Désavantages du système américain (selon nous)

  • Certains cours sont un peu superficiels, surtout les cours de General Education. Les contenus de certains cours n’apportent carrément rien de concret en termes de connaissances. On a beaucoup de readings par semaine et on passe très peu de temps sur chaque texte. Peu d’exercices pratiques et de cas d’étude. On se demande parfois si on sera préparés pour le monde du travail en sortant…
  • À l’inverse, d’autres cours sont parfois trop spécifiques. En maths, par exemple, il n’y a pas un seul cours qui couvre toutes les bases (Stats, Algèbre, Géométrie, etc). Du coup, pour acquérir les bases en maths, il faut prendre au moins trois cours différents. Même dans d’autres matières, on se demande parfois si on a vraiment envie de passer un semestre entier sur les cellules capillaires et les neurones afférents de l’oreille interne (Neurobio 334: Hair Cells and Afferent Neurons of the Inner Ear).
  • Evidemment, les frais de scolarité rend le système américain beaucoup moins accessible en général.
  • Forte culture de compétition et les élèves se mettent beaucoup de pression pour leurs notes et ce qu’ils font en dehors des cours. Les professeurs et adultes essaient de compenser avec une “feel good mentality” un peu excessive et une emphase constante (mais assez superficielle) sur la santé mentale. La combinaison de ces deux phénomènes peut entraîner de la frustration, du stress, et de la solitude parfois.

Transition Sociale

Vivre aux Etats-Unis

Honnêtement, vivre sur un campus universitaire n’est pas exactement équivalent à vivre aux Etats-Unis. Mais, quand même, certaines choses ont pu nous perturber au début: l’alimentation est assez différente, et il est assez difficile d’éviter de manger trop gras, trop sucré, trop salé. Toutes les cantines ont des sodas et des céréales à volonté, c’est assez étrange. Et ils ne savent pas vraiment cuisiner les légumes, donc la verdure passe souvent à la trappe. Aussi, les forfaits téléphoniques sont hors de prix. Ce sont des détails, mais importants quand même!

Sinon, vivre sur un campus c’est génial: tout est à proximité, la ville de Cambridge est complètement centrée sur l’université, il y a plein de restos et de petits cafés partout et le métro pour aller à Boston en plein Harvard Square. Pas besoin de louer un appartement, de faire les courses, de faire à manger… On est aux petits oignons, et cela permet à tout le monde de se concentrer sur ses études tout en égalisant les conditions de vie pour des étudiants qui viennent de niveaux économiques très différents.

Enfin, vivre aux Etats-Unis ça veut aussi dire qu’on est plongés dans des dynamiques sociales très différentes. Par exemple, il y a un esprit assez communautaire—les gens se regroupent en fonction de leur identité, de leurs origines, de leur couleur de peau et se mélangent peu entre eux—avec des exceptions, bien entendu. Les relations sociales sont souvent fortement basées sur les apparences et sur ce que l’autre peut apporter—le networking est omniprésent dans des universités comme Harvard. On peut ressentir une certaine pression pour rentrer dans le moule, rentrer dans tels ou tels clubs parce que ce sont les clubs les plus cools et les plus anciens, faire de la finance ou du consulting parce que ça rapporte bien, etc. Ce style de vie ne convient pas forcément à tout le monde.

Relations avec les Américains 

Les Américains à Harvard sont en général très ouverts d’esprit, intéressés par la culture française, polis, respectueux, et sympa. En revanche, il peut être difficile de former des amitiés parfois au-delà des relations superficielles. Le sens de l’humour américain est assez différent du sens de l’humour français et le second degré est beaucoup moins utilisé. Il faut faire plus attention à ce qu’on dit car les américains ont des codes très strictes sur ce qui est considéré comme politiquement correct. On s’habitue, ça demande juste un petit temps d’adaptation! Et puis, on a toujours le French Club pour retrouver un peu d’humour français.

Témoignages:

“C’est parfois déstabilisant de se retrouver dans une conversation et de n’avoir aucune idée de la référence culturelle dont on parle… On a souvent l’impression d’être jugé sur ce qu’on dit et les relations amicales sont difficiles à former. Tout le monde est très occupé et ne prend pas toujours le temps de s’intéresser à l’autre, à part pour des fins personnelles… Ce n’est pas une généralité mais c’est assez présent dans le comportement des américains. C’est peut être pour ça que l’on aime bien se retrouver entre français, surtout pour partager notre humour un peu spécial à leur yeux.” — Victor Crouin, ‘22

“Soyez un peu prudents avec le second degré les premières semaines si vous n’avez jamais vécu dans un pays anglophone. Les codes sur ce qui est drôle vs ce qui est offensant, ainsi que la culture du rire pour aborder des sujets sérieux, sont très différents de la France. Aussi, contrairement à la France, on ne discute pas ici de politique avec n’importe qui. Le campus est majoritairement libéral, mais de manière générale on réserve les sujets politiques pour les conversations privées.” — Maria Guramare, ‘21

Communiquer en anglais

Témoignages:

“Il faut un peu de temps pour s’adapter à certaines expressions locales, mais les autochtones sont d’une grande aide.” — Maria Guramare, ‘21

“Faut pas le prendre personnellement si les blagues habituelles ne font plus rire personne quand on les traduit en Anglais.” — Skander Fourati, ‘23

“Le sens de l’humour est quelque chose d’assez compliqué à traduire—souvent une remarque spontanée me viendra à l’esprit en français et elle ne trouvera simplement pas d’équivalent en anglais, ou du moins pas un qui me vienne rapidement à l’esprit. Aussi, par rapport à l’humour, les “memes” et le “online humor” sont plutôt universels aujourd’hui mais je dirais qu’aux Etats-Unis ils ont réellement imprégné les conversations de tous les jours, même en personne. Ça n’est pas forcément une mauvaise chose, mais c’est quelque chose qui peut faire paraître certaines interactions ou blagues comme prévisibles, presque partie d’une espèce d’inconscient collectif.” — témoignage anonyme d’une étudiante en bachelor

Gestion du temps et vie extrascolaire

La vie extrascolaire aux Etats-Unis est très différente de ce qu’on connaît en France. Étant donné le volume horaire des cours très faible, une énorme importance est placée sur les clubs, les activités, et les expériences professionnelles. C’est très positif dans le sens où l’on est encouragés à s’épanouir au-delà des cours—il y a une quantité inimaginable d’options: clubs culturels, professionnels, sportifs, musicaux, politiques, militants, publications étudiantes, et plus! Chacun peut y trouver son bonheur (et souvent en faire trop la première année!). Les étés sont longs (3 mois et demi), alors tous sont encouragés à trouver un stage, faire de la recherche, ou étudier à l’étranger. Pendant l’année, il y a de nombreuses opportunités professionnelles, notamment pour faire de la recherche avec des professeurs. 

En revanche, la culture extrascolaire peut aussi être très stressante. Déjà, on ressent constamment la pression de faire beaucoup, beaucoup de choses. Les gens autour de nous paraissent toujours débordés, alors on a souvent l’impression qu’on n’en fait pas assez. Et puis, dans un milieu comme Harvard, même la vie sociale peut devenir très compétitive. On ne peut pas juste rentrer dans un club comme ça—il y a tout un processus d’admission et certains prennent énormément de temps et d’énergie, sans garantir une place dans le club. D’autres sont beaucoup plus chill, donc il faut savoir bien choisir pour que ça n’impacte pas trop sa santé mentale et son emploi du temps pour le semestre. Il faut aussi savoir se défaire de la “hiérarchie” des clubs; évidemment, certains existent depuis des décennies, et ce sont souvent les plus exclusifs. Mais les clubs plus récents peuvent être géniaux et font plus d’efforts pour être ouverts à tous. 

Témoignages:

“En première année, j’ai fait l’erreur classique de m’inscrire à trop de clubs! J’ai mis du temps à trouver un bon rythme et j’ai un peu regretté d’avoir essayé de faire tant de choses à la fois. Par contre, il y a environ 1600 personnes par promotion donc les clubs sont chouettes pour se faire des amis!” — Hana Wakamatsu, ‘23

“Il est très facile de se sentir submergé par les cours, les devoirs, et toutes les choses intéressantes qu’il y a à faire sur le campus. Il faut clairement exprimer ses priorités et organiser son calendrier de manière hebdomadaire et quotidienne. Si ce n’est pas une chose facile ou naturelle pour vous, il y a de nombreuses ressources sur le campus qui peuvent vous aider à vous améliorer de ce point de vue!” — Maria Guramare, ‘21

“Il y a cette fameuse phrase disant que les américains vivent pour travailler tandis que les français travaillent pour vivre—oui, je la tire possiblement de Emily in Paris, oui j’ai honte. Bien qu’un peu caricaturale, j’ai trouvé qu’elle était tout de même fidèle à mon expérience des Etats-Unis: si on n’impose pas soi-même ses limites vie/travail là bas, il n’y aura pas de “limite culturelle” naturelle qui sera proposée. En d’autres mots, il est facile de perdre un peu le nord par rapport à la gestion de son temps, de sentir qu’on n’en fait pas assez tout en étant visiblement débordé.e. Je conseille d’être vraiment fidèle à ses envies et besoins sur ce point-là, de se rappeler de prioriser la vie, les amis, les amours, les passions (qui peuvent inclure des éléments académiques!) parce que l’ambition et le travail purs seront présents de toute manière dans le quotidien.” — témoignage anonyme d’une étudiante en bachelor

Gérer la distance avec les amis et la famille 

Chacun sa méthode pour gérer la distance, et chacun ses habitudes aussi! Pour certains, ça fera du bien d’être autonome et cela rendra les retrouvailles plus heureuses. Pour d’autres, ce sera plus difficile et pourra le rester jusqu’à la fin des quatre ans, selon les périodes de l’année. Il faut savoir trouver un bon équilibre entre appels réguliers et retours à la maison, et surtout profiter des vacances pour rentrer chez soi! En général, quand on retourne à la maison, on retrouve nos amis avec la même énergie qu’avant, comme si on n’était jamais partis. Et puis, Boston n’est qu’à six heures d’avion de Paris, ce n’est pas si terrible. Le décalage horaire peut aussi rendre plus difficiles les interactions avec la famille, mais on apprend à s’organiser, à les appeler pendant le déjeuner ou entre deux cours. 

Témoignages:

“C’est un pas toujours difficile à franchir, mais souvent le rythme soutenu et les nombreuses relations que vous formez sur le campus peuvent alléger quelque peu ce sacrifice. Les stratégies que j’utilise consistent principalement à communiquer par téléphone ou Facetime assez régulièrement, même se mettre d’accord sur des horaires étant donné le décalage horaire. C’est aussi un bon moyen de découvrir si à l’avenir vous souhaitez vous établir à l’étranger ou plutôt vous rapprocher géographiquement de votre famille!” — Maria Guramare, ‘21

“Pour moi, c’est souvent plus difficile aux mois d’Octobre et de Février. L’agitation du début de semestre s’est dissipée. Il fait froid, la vie est monotone, et les vacances semblent lointaines. Mais le temps passe plus vite qu’on ne le croit, et il important de s’entourer des bonnes personnes pour ne pas être seul.e pendant les moments difficiles. Mon conseil: continuer à entretenir les group chats entre famille et amis; c’est toujours sympa de se réveiller avec des memes ou life updates des gens qu’on aime!” — Salomé Garnier, ‘22

“Personnellement, j’ai fait partie du camp de ceux qui appellent leurs amis et famille tous les jours (parfois, plusieurs fois par jour) dès mon arrivée. Je suis vraiment heureuse d’avoir fait ça d’une part parce que, avec mes amis du lycée par exemple, ça nous a permis de rester tout aussi proches voire plus que quand on s’est quittés. Au même moment, si c’était à refaire, j’essayerais de trouver un équilibre plus sain, surtout au début: c’est important de rester connecté à ses racines et de ne pas se perdre dans le tourbillon universitaire, mais c’est tout aussi important d’accepter le départ et de vraiment y mettre du sien pour être présent à l’université.” — témoignage anonyme d’une étudiante en bachelor

“Venez aux évènements du French club! C’est vraiment devenu une deuxième famille pour moi, j’ai noué des liens qui m’ont procuré beaucoup de joie, sortie de beaucoup de peines, et qui je suis certaine demeureront intactes longtemps après la fin de mes 4 ans ici.” — Maria Guramare, ‘21